Du centre-ville au quartiers,
Des campagnes aux bourgades,
L'idée qu'il faut bien s'habiller
fait son travail : embrigade.
On ne porte que de la marque
Qu'on arbore fièrement,
On croit même qu'on se démarque
Alors qu'on vit conformément
Au modèle d'une vie sans
Autre chose que du futile,
Qui engraisse les puissants,
Ceux qui imposent leur style.
Qu'est-ce que l'on peut bien prouver
En Levi's ou en Lacoste ?
Moi j'arpente le pavé,
Avec un polo La Poste.
Ca donne de quoi discuter,
Plutôt que de parler du ciel,
Une voie, une facilité
Face au vide existentiel.
Bonjour moi c'est Calvin Klein,
Enchanté, moi c'est Champion,
Et à part ça tout va bien,
On est tous les mêmes pions.
Certains pions n'ont pas d'argent,
Pour faire comme les vrais bourgeois
Accéder au bonheur marchand,
Qui procure tant de joie.
Ils se servent directement
Et les vitrines explosent.
C'est plus drôle assurément
Mais c'est quand même
Le respect de la clause
Qui dirige la population,
Dans des ambitions faussées,
La plonge dans l'obsession
De ne jamais être dépassée.
Sacro-sainte nouveauté
Que la religion des marchands
Doit sans cesse réinventer
Pour que l'on ne devienne pas méchant.
Pour qu'il n'y ait que la mode
Comme facteur d'identité,
Que tous nos gestes, tous nos codes
À ce que l'on possède soit limité.
C'est une pieuse mission,
Acheter doit devenir un réflexe,
Ou alors c'est l'exclusion,
Tu seras mis à l'index.
Refrain :
Nous ne sommes que la somme
De tout ce que l'on consomme,
Écoute donc, on te somme
De faire le grand somme,
Ils font de la comm' et du gros son,
Tout pour que tu consommes,
Si t'es un homme, si t'es un homme
Si t'es un homme, consomme !
(bis)
Puis tu consommes différement
Quand tu deviens adulte, mature,
Ce ne sont plus les nouveaux vêtements,
Mais la nouvelle voiture,
Il te faut te renouveller,
Renouveller ta pâture,
Car ta personnalité
Se trouve dans l'armature
De ton signe de pouvoir
Aux quatre jantes chromées,
De ton bel objet de foire,
Que jalouseront les paumés.
A force de consommer,
De consommer frénétiquement,
On finit par transformer
Jusqu'à l'amour les sentiments,
Si quand tu me parles tu m'ennuies,
Je te zappe avec mon portable,
Mes amis sont des produits,
Et dépendent de mes humeurs instables,
On consomme du relationnel,
Chaque bonheur est biaisé,
Même les plaisirs charnels
Doivent être rentabilisés.
Il est là l'homme nouveau,
L'homme unidimensionnel,
Qui se sert de son cerveau,
Comme du dernier logiciel.
Qui a pour seul ambition
De posséder du bien matériel,
Seul facteur d'intégration
Au mode de vie officiel.
L'homme du troisième millénaire
Sera le consommateur
Frustré, envieux, actionnaire
Un CON un SOT un MATEUR !
Refrain (4 fois)
[Bistanclaque : Consomme]